Clarinette de Gentellet Presteau circa 1860

Clarinette en Sib de Gentellet-Presteau marquée sur le corps main-gauche, le corps main-droite et le pavillon « (étoile) / GENTELLET / Presteau / (initiales GP) / A PARIS », marquée  « (étoile) / GENTELLET / A PARIS / (initiales GP) / A PARIS » sur le barillet, milieu 19ème siècle.

Quatre parties de buis baguées d’ivoire, 13 clefs en laiton forme « pelle à sel » montée sur patin, bec en ébène.

Longueur sans le bec : 57,4 cm.

Très bon état.

Dans son étui en bois d’époque.

La clarinette présentée est dans son état d’origine et n’a jamais été restaurée. Elle a été fabriquée au milieu de 19ème siècle par GENTELLET-PRESTEAU, successeur de GENTELLET. Sa marque au fer est apposée sur tous les corps, comme le veut l’usage. Sa remarquable lisibilité indique une faible usure comme l’atteste le bon état général de l’instrument : pas de fentes, ni manques, ni de parties refaites, des ressorts et des tampons de clefs originaux. La patine du temps a coloré le buis en lui donnant cette teinte légèrement brun-orangé chaude, contrastant agréablement avec la teinte de l’ivoire légèrement jauni. Un tel état de bonne conservation en fait un instrument recherché par les collectionneurs. 

A la fin du 18ème siècle, les clarinettes étaient munies de cinq clefs, système notamment amélioré par l’adjonction de clefs supplémentaires. Elles en possèdent treize dans le modèle conçu par Yvan Muller en 1812. Ce système permet de jouer dans toutes les tonalités. Il offrira la possibilité aux musiciens d’exceller en virtuosité dans la forme du concerto lors de solos instrumentaux, très prisés du public dans la première moitié du 19ème siècle. Le corps de l’instrument est alors en buis, bois dur et indigène, résistant à l’humidité contenue dans le souffle de l’instrumentiste. Les assemblages sont renforcés par des bagues en corne ou en ivoire pour les instruments les plus chers. En 1814, le comité d’approbation du conservatoire de musique de Paris valide la nouvelle clarinette et son usage au conservatoire. Dans sa méthode de 1821, Muller annonce qu’il confie la fabrication de sa clarinette à GENTELLET. Muller reçoit une médaille de bronze en 1823 pour une clarinette à treize clefs exposée aux produits de l’industrie. Les clefs sont en laiton montées sur pivot, de forme « pelle à sel », rembourrées de laine recouverte d’un cuir tendre, de boyau ou de peau de poisson. Elles viennent s’appuyer sur un alésage plongeant à bords horizontaux réalisé dans le corps de l’instrument, autour du trou d’intonation. Le bec est en ébène, munie d’un nouveau système de ligature de l’anche en métal.

La clarinette à treize clefs a connu par la suite un succès immense. Giovanni Battista Gambaro et Frederic Beer, virtuoses  de l’époque, adoptent le système et participent à sa popularité. Elle a été utilisée dès lors aussi bien par les musiciens professionnels, artistes et musiciens militaires, que par les nombreux amateurs constituants les harmonies, orphéons et diverses sociétés musicales, véritable phénomène de société dans la seconde moitié du 19ème siècle. Afin de satisfaire à une demande toujours croissante d’instruments, la facture instrumentale a connu un essor sans précédent. Le nombre de fabricant a été en constante augmentation avec une réorganisation radicale des structures de travail.